9 décembre 2023 à l’Espace Maurice Zundel sous la gare de Lausanne – lieu d’accueil et d’écoute.
Par Annemarie.
Nous découvrons un espace ouvert et vitré donnant sur la rue de Grancy, exposé aux passants, et nous faisons connaissance de la trentaine de participants autour d’un café et de tresses faites maison. Nos hôtesses sont Catherine, Liliane, Claudia, Lisette. D’emblée je mesure ce privilège d’être là plutôt que dans les rues animées et sous la pluie! Et pendant quelques heures nous allons devenir ensemble, sans nous connaître forcément, des compagnons de silence.
Une salle en bas, à l’écart des mouvements de la ville, nous permet de retrouver cet espace intérieur que la méditation nous donne d’habiter. Puis nous passons à côté pour nous mettre à l’écoute du Père Luc Ruedin, responsable de cet Espace Zundel. Nous aurons trois moments d’exposés où il nous présente une femme du XVIe siècle, religieuse et bourgeoise, mais qui découvre, après plusieurs années au Carmel et par surprise, les souffrances du Christ et s’en voit transpercée en profondeur. Elle deviendra la célèbre St -Thérèse d’Avila, mystique et réformatrice pour le reste de sa vie. « Pour avancer sur ce chemin, écrit-elle, il ne s’agit pas de beaucoup penser mais de beaucoup aimer. »
Sa pratique de l’oraison est « un commerce d’amitié où l’on s’entretient seul à seul avec Celui dont nous savons qu’Il nous aime ». C’est une amoureuse de Dieu, en dialogue intime, en regards, en paroles, en chants. Nada te turbe est son poème le plus chanté encore aujourd’hui. Je ne la connaissais pas, mais elle me devient proche, et je mesure le privilège d’être encouragée par elle à construire mon propre château intérieur (les 7 demeures de l’âme) où développer cette intimité avec Dieu.
La journée se passe en bas et en haut alternativement, en silence et écoute, et en partages spontanés et repas, suivi d’un moment consacré à un mandala qui nous invite à progresser vers le centre de la page, et de notre coeur. Il aura sa place près de l’autel au moment de la célébration finale, qu’un accompagnement musical rend léger et expressif. Etre un seul Corps par l’eucharistie se réalise tout simplement.
Je trouve difficile de quitter ce lieu d’accueil, ces personnes rayonnantes, cet appel à la profondeur dans le quotidien. J’y reviendrai pour voir sa chapelle qui est encore en construction, mais déjà vouée à la lumière et l’adoration.
Je mesure l’écart entre mes privilèges et son errance. Ste-Thérèse, accompagnez-moi pour évoquer son visage devant notre Seigneur.
Une femme s’est glissée parmi nous dans le hall, elle attend, elle semble troublée, nous comprenons qu’elle cherche à se rendre à St-Loup. Nous la conduisons à cette communauté. En fait elle n’y est pas attendue, mais accueillie tout de même. Le lendemain j’apprends par une Soeur de la place qu’elle s’en est allée, farouche et mutique.
